Daito-ryu Aiki-budo (2) - Explications techniques

Daito-ryu Aiki-budo (2) - Explications techniques

Ceci est la traduction de la deuxième partie de la série d'articles intitulée « Daito-ryu Aiki-budo » écrite par Hisa Takuma et publiée dans les pages du magazine Shin Budo entre Novembre 1942 et Mars 1943. Grâce à l'aide de Baptiste Tavernier, qui est allé chercher l'original en japonais dans les archives de l’Université Internationale de Budo (国際武道大学, Kokusai Budo Daigaku), je suis en mesure de vous présenter une traduction agrémentée de notes et pour la première fois, les photos originales qui accompagnaient l'article. Fait remarquable, certaines ont été prises aux rayons X afin de mieux montrer les contentions articulaires. Plus remarquable encore est le fait que jusque-là, les écoles de Daito-ryu avaient été extrêmement prudentes de ne pas publier ouvertement des documents techniques. Certaines écoles et certains enseignants ont publié des documents techniques, mais principalement dans le but d'être distribués au sein de petits cercles de personnes. Ceci est à ma connaissance la première fois que des techniques Daito-ryu ont été divulguées si ouvertement au public. Notez que Takeda Sokaku était encore en vie à ce moment-là, et il est fort probable qu'il avait connaissance de cette publication. Compte tenu du fait que Hisa Takuma était le seul élève à qui il ait donné le menkyo kaidenLe menkyo kaiden (免許皆伝) est le plus haut certificat de compétence décerné dans de nombreux systèmes d'arts martiaux traditionnels japonais., cela donne une bonne indication de l'importance de Hisa dans la tradition du Daito-ryuSelon le manager du Takumakai, Kobayashi Kiyohiro, c'est grâce aux nombreux contacts de Hisa que le Daito-ryu a été officiellement reconnu comme koryu par le Nihon Kobudo Kyokai (日本古武道協会). En entrant, Hisa a insisté pour que l'organisation de Takeda Tokimune soit également reconnue. L'article original est disponible au téléchargement pour les gens me soutenant sur Tipeee.

Couverture du Shin Budo de décembre 1942

Daito-ryu Aiki-budo (2)

par Hisa Takuma, menkyo kaiden, shihan

Caractéristiques Et Méthodes d'Entraînement

  1. Un art martial pratique avec des techniques mortelles qui mènent à une victoire certaine. Comme je l'ai mentionné dans l'article précédent, cette école est un art martial pratique avec des techniques mortelles, donc ni la pratique du randori ni la compétition ne sont possibles. Par conséquent, lorsque nous pratiquons avec nos partenaires, nous devons nous entraîner en utilisant les kata (formes) qui ont été enregistrés dans le denshoDensho (伝書, rouleau de transmission secret).. Les kata dont je parle ici sont différents de ceux du judo ou du kendo. Nous nous entraînons à utiliser notre puissance et notre ki pendant que nous pratiquons et ainsi, des compétences efficaces en combat réel peuvent être développées.
  2. Un art martial que tout le monde peut pratiquer. Contrairement aux arts de combat tels que le sumo, le judo et le kendo, puisque c'est l'art de l'aikiBien que le reste de l'article décrive des techniques de base de jujutsu, Hisa réfère ici spécifiquement à l'aiki no jutsu (合気の術), c'est à dire, le niveau supérieur d'application des techniques de jujutsu mettant en action l'aiki, et donc ne nécessitant plus de force physique., là tout le monde, quel que soit son âge ou son sexe, peut le pratiquer même s'il n'a aucune expérience dans d'autres arts martiaux. On peut maîtriser, dans une certaine mesure, la vérité de l'aiki à travers une pratique assidue.
  3. Un art martial qui peut être pratiqué n'importe où. Contrairement au judo, au kendo et au sumo, il est possible de pratiquer cet art n'importe où ; il ne se limite pas au dojo.
  4. Un art qui peut être pratiqué sans armes. Comme il s'agit d'un taijutsu de base qui se pratique les mains vides, il ne nécessite ni armes ni armures.
  5. Un art qui peut être pratiqué avec n'importe quel type de vêtement. Il peut être pratiqué dans des vêtements ordinaires ; il n'est pas nécessaire de porter le keikogi et on peut même le faire rien qu'en fundoshiDans le temps, le fundoshi (褌), qui consiste en un simple pagne de coton, était le type de sous-vêtements le plus souvent utilise par les hommes. Fait intéressant, au cours de ma formation en Daito-ryu, on m'a enseigné plusieurs variantes des techniques afin qu'elles puissent être appliquées lorsqu'on est attaqué dans un bain public (c'est-à-dire nu). Celles-ci impliquent des saisies, des étranglements et des contentions modifiés par rapport aux formes de kata pour compenser le manque de vêtements et la peau glissante des adversaires..
  6. Un art qui peut être pratiqué à tout moment. Comme mentionné ci-dessus, comme on est libre de pratiquer n'importe où dans n'importe quel vêtement, on peut pratiquer n'importe quand dès qu'on a un peu de temps libreC'est encore une fois très intéressant et peut surprendre quelqu'un venant de l'Aïkido. Les cours de Daito-ryu sont souvent moins formels que ceux d'Aikido et j'ai eu l'occasion d'apprendre dans un grand nombre d'endroits différents en dehors du dojo, chaque fois qu'un enseignant avait envie de partager. À titre d'exemple, récemment, j'ai eu la chance d'apprendre des techniques de Roy Goldberg Sensei dans un parc à Tokyo, après ce qui n'aurait dû être qu'un déjeuner..
  7. Un art qui peut être pratiqué en groupe ou individuellement. Généralement, les techniques d'arts martiaux sont enseignées sur une base individuelle. Cet art peut être pratiqué en groupes de 50 ou même 100, tant que la bonne méthode d'enseignement est utiliséeEn cela, le Daito-ryu diffère considérablement des autres koryu, où les cours impliquent généralement un très petit nombre d'élèves..

Explication Des Techniques

Catégorisant les techniques de cette école, il existe des techniques qu'on peut utiliser pour attaquer activement un ennemi, des techniques défensives qu'on utilise contre une attaque ennemie, ainsi que le gyaku wazaGyaku waza (逆技, lit. : techniques d'inversement) représente les techniques de contentions articulaires et luxation., l'aiki no kimeAiki no kime (合気の極め, lit. : techniques aiki décisives)., l'aiki nageAiki nage (合気投げ, lit. : projection avec l'aiki)., l'irimi , irimi-tenkan et atemiAtemi (當身) désigne généralement les coups portés au corps, bien que les emplacements, les effets et le but dans lesquels ils sont placés au sein de la technique peuvent varier.. Aussi, on peut distinguer les techniques en termes d'attaque et de défense.

  • Suwari waza (techniques assises) : shomen uchi, yokomen uchi, tekubi dori, sode dori, ryote kubi dori, kubi jime.
  • Hanmi handachi : tekubi dori, tsuki, ushiro eri dori, ushiro kubi jime.
  • Tachi waza (techniques debout) : yokomen uchi, shomen uchi, tekubi dori, sode dori, tsuki, kata dori, ryokata dori, kubi jime.
  • Ushiro waza : ushiro eri kubi dori, ushiro kubi jime, ushiro tekubi dori, ushiro kata dori, ushiro daki jime.
  • Tasu dori : ni nin dori, san nin dori, tasu dori.

Il existe 2 884 techniques différentes et lorsqu'on inclut les techniques ura et omote. Elles constituent un groupe assez divers et il serait impossible de toutes les expliquer dans cet espace limité. Je vais donc choisir les techniques les plus faciles à comprendre et à expliquer.

Gyaku No KimeGyaku no kime (逆の極め, lit. : verrouillage inversé).

Comme je l'ai mentionné plus tôtIl s'agit de la première partie de l'article, publiée dans le Shinbudo de novembre 1942 et disponible ici., cette école a commencé lorsque Minamoto no YoshimitsuMinamoto no Yoshimitsu (源 義光, 1045 - 1127), également connu sous le nom de Shinra Saburo (新羅 三郎), est souvent crédité comme le créateur du Daito-ryu Aiki-jujutsu, mais comme pour de nombreuses autres affirmations historiques du Daito-ryu, les preuves disponibles pour les étayer sont rares. a découvert le secret du gyaku kime pour chacune des articulations du corps en étudiant les squelettes de cadavres disséqués ramenés de batailles. Par conséquent, dans cette école, on peut contrôler complètement son adversaire et l'immobiliser au moment où il entre en contact en appliquant une pression sur n'importe quelle articulation du corps, par exemple les doigts, le poignet, le coude, l'épaule, le cou, la colonne vertébrale, les hanches, les genoux , les pieds, etc.

Pourquoi l'attaque des articulations est-elle si efficace ?

Expliqué en termes physiologiques, n'importe quelle articulation peut être librement pliée dans une certaine mesure vers l'avant ou l'arrière, la droite ou la gauche selon les besoins physiologiques. Cependant, si une forte pression telle que le gyaku kime est appliquée sur une articulation, elle est pliée de force et étirée ou tournée au-delà de sa limite physiologique naturelle, ce qui provoque ainsi des anomalies à la surface des os qui composent l'articulation. À la suite de cette pression, la capsule qui entoure l'articulation est déchirée, ou les muscles et les tendons autour de l'articulation sont excessivement étendus, et la personne qui prend l'ukemi ressent une douleur aiguë.

Pour se libérer de cette douleur aiguë, il n'y a rien d'autre à faire que de ramener l'articulation verrouillée à sa position naturelle en changeant sa position corporelle, échappant ainsi au frottement excessif en flexion des os articulaires ou en soulageant le degré musculaire ou extension du tendon.

Par conséquent, la personne qui prend l'ukemi plie son articulation dans le sens de la pression appliquée, modifie progressivement la position de son corps, puis perd son équilibre pour tomber ou pour être amenée dans une position décisive où elle ne peut plus résister ou bouger.

Ici, je voudrais expliquer les trois techniques suivantes de retournementGyaku (逆) de l'articulation du poignet : 1. soto gyakuSoto gyaku (外逆, lit. : reversement extérieur)., 2. uchi gyakuUchi gyaku (内逆, lit. : reversement intérieur)., 3. fuka gyakuFuka gyaku (深逆, lit. : reversement profond).. J'espère que les lecteurs pourront comprendre la théorie et le mécanisme derrière les techniques en se référant aux photos ainsi qu'aux rayons X.

Uchi gyaku

(1) Lorsque votre ennemi vient frapper ou pousser à l'avant de votre main droite et de votre jambe, soit avec son tegatana (手刀, lit. : la main épée), son poing, un couteau court ou une longue épée, vous devez le manipuler de manière calme et posée, en percevant son intention avant même qu'il ne commence à bouger ; vous devez prendre l'initiative et le diriger en ouvrant votre corps immédiatement vers la droite, en pivotant sur votre pied gauche. (Lorsque votre ennemi vient pousser à l'avant de votre main et de votre jambe gauche avec une lance ou une baïonnette, vous devez ouvrir votre corps vers la gauche, en pivotant sur votre pied droit.)

(2) Lorsque vous ouvrez votre corps vers la droite, vous devez saisir le poignet droit de l'ennemi avec la main gauche, la paume vers le bas et tourner le poignet vers l'extérieur, en plaçant votre main droite dessus et exécuter sotogawa no gyaku (外側の逆, lit. : retournement sur l'extérieur) sur l'articulation de son poignet tout en déplaçant votre pied gauche vers l'arrière pour le faire tomber.

(3) Au moment où l'ennemi tombe, frappez un point vital avec votre main droite ou attaquez le point vital avec votre pied droit.

(4) La position inverse du poignet de l'ennemi est clairement visible sur la photo radiographique. Comme vous pouvez le voir sur la photo, l'articulation du poignet droit de l'ennemi est pliée excessivement vers l'extérieur au-delà de sa limite, obligeant ainsi l'ennemi à tomber en raison de la douleur insupportable.

Soto gyaku

(5) Lorsque votre ennemi vient saisir votre épaule ou manche avec sa main droite en frappant avec sa main gauche, vous prenez l'initiative et frappez son visage avec votre main droite pour l'aveugler (metsubushi, 目つぶし).

(6) Levez la main gauche haut et saisissez son poignet droit avec votre main droite en tournant son poignet vers l'intérieur, puis saisissez-le fermement avec votre main gauche de l'extérieur. En concentrant l'aiki de tout votre corps contre le corps de l'ennemi, exécutez la technique de l'articulation gyaku sur son poignet, comme si vous lui coupiez le bras, que vous considérez comme une épée, directement du jodan (上段, lit. : niveau haut). Si l'ennemi résiste fortement, placez votre bras gauche sur son bras droit, puis appliquez également une pression sur son articulation du coude.

(7) Comme vous pouvez le voir clairement sur la photo aux rayons X, au moment de cette technique, l'articulation est excessivement courbée au-delà de sa limite et est donc complètement contrôlée et l'ennemi ne peut offrir aucune résistance.

(8) Poussez l'ennemi face vers le bas tout en continuant à appliquer une pression sur son poignet, puis avancez votre genou droit sur son côté gauche pour y appliquer une pression maximale. Puis contrôlez (kimeru, 極める) son bras droit en gyaku, tout en appliquant une pression sur les articulations de ses poignets et de ses épaules.

Fuka gyaku

(9) Lorsqu'un ennemi vient frapper l'avant de votre tête avec son tegatana (ou couteau court, épée longue ou autre arme), vous devez percevoir son intention avant qu'il ne commence à se déplacer pour frapper et recevoir son attaque avec votre main gauche et entrer rapidement, tout en frappant son visage avec votre poing droit pour l'aveugler ou en appliquant un atemi sur son plexus solaire.

(10) Au moment où l'ennemi est sur le point de frapper, menez son épée (tegatana) et avec votre main droite, saisissez le dos de son tegatana par le haut.

(11) Tournez son tegatana vers l'extérieur et saisissez le tegatana maintenant inversé, cette fois avec votre main gauche le long de son côté arrière. Ensuite, placez votre main droite sur la paume du tegatana et en utilisant l'aiki de tout votre corps, appliquez une pression comme si vous le souleviez aussi haut que son épaule tout en le tournant. Après avoir terminé ce mouvement, vous pouvez le contrôler uniquement avec votre main gauche.

(12) Dans cette technique, la position de l'articulation de son poignet n'est pas clairement visible car les os de la personne qui exécute la technique et ceux de la personne qui prend l'ukemi se chevauchent. Le poignet droit de la personne qui prend l'ukemi est plié dans la direction complètement opposée à la direction naturelle et, par conséquent, même une petite quantité de pression supplémentaire peut lui causer une douleur insupportable et il est obligé de bouger comme vous le souhaitez.

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À-Propos

Site officiel de Guillaume Erard, auteur, instructeur et vidéaste résident permanent au Japon - 5e Dan Aïkido du Hombu Dojo de l'Aïkikai de Tokyo / 5e Dan Kyoshi (professeur) de Daïto-ryu Aïki-jujutsu du Shikoku Hombu Dojo.