La fin de la carrière d'un Sumo est un événement tout à fait majeur dans le monde fermé et exclusif de ce sport millénaire dont la plupart des paramètres sont intimement liés à la religion, l’étiquette, et la tradition. La cérémonie qui accompagne le Sumotori vers la sortie est appelée le Danpatsu Shiki et c'est une occasion de célébrer les hauts-faits de sa carrière, voir des matchs amicaux en l'honneur du sortant (vous noterez sur la vidéo que le vainqueur ne reçoit pas d'enveloppe avec de l'argent à la fin du combat comme à l’accoutumée), et surtout, d'assister à la coupe de son chonmage (丁髷), le chignon traditionnel hérité de l’époque des Samuraï, qu'il n'aura plus jamais le privilège de porter. Ce qui est particulièrement remarquable en ce samedi 4 octobre 2014 est que le sortant n'est autre que le très populaire Kotoōshū Katsunori (琴欧洲 勝紀) [de son vrai nom, Karoyan Ando), un lutteur d'origine Bulgare né le 19 février 1983. Je vous propose de revenir en photos et en vidéo sur cette journée exceptionnelle.
Je ne m’étais pas rendu au Ryogoku Kokugikan de Tokyo depuis 2012, lorsque j’avais assisté à la finale du grand tournoi d’été. Je dois dire que mon intérêt pour le Sumo s'accentue de plus en plus à mesure que les preuves s'accumulent au sujet du fait que l'origine du Daito-ryu, et donc de l'Aikido, se trouverait principalement dans les techniques de lutte à mains nues du Sumo plutôt que dans les arts du sabre.[1]
Kotooshu a été le tout premier Européen à remporter la Coupe de l’Empereur en 2008 et il a tenu le rang d'Ozeki, qui est juste en dessous du titre suprême de Yokozuna. De par son origine Bulgare, Kotooshu a été le porte-drapeau de ブルガリア (bulgaria), une marque très célèbre de yaourts au Japon (et dont je suis très friand personnellement !) et c'est cette marque qui figure souvent sur son keshōmawashi (tablier de cérémonie) [voir photo en bas d'article]. Il a obtenu la nationalité Japonaise et officiera dorénavant en tant que oyakata (entraîneur) au sein de son écurie, la Sadogatake.
Environ 350 personnes triées sur le volet dont un nombre incalculable de dirigeants d'entreprises (la plupart des sponsors), ses collègues de l’écurie Sadogatake, quelques célébrités dont Demon Kakka, son compatriote Aoiyama Kōsuke (碧山 亘右), le Yokozuna Hakuhō Shō, et son père se sont relayées pour couper des mèches du chignon d'un Kotooshu visiblement très ému. Le dernier à couper le chignon était son entraîneur, qui officiait en son temps sous le nom de Kotonowaka Terumasa (琴ノ若晴將).
Kotooshu très ému
Tout au long du reste de la journée, les présentations se sont succédées avec en particulier une démonstration de nouage du chonmage, de mise en place du mawashi du Yokozuna Hakuho, et de tambour de Taiko. L’événement s'est conclu avec la traditionnelle danse de l'arc. J'ai eu la chance de me voir offrir au dernier moment des tickets pour assister à l'événement et mes parents et moi nous sommes retrouvés en compagnie d'un groupe charmant de membres du Rotary Club de Toyoda qui ont fait en sorte que nous passions le meilleur moment possible. Nous les remercions sincèrement de leur accueil et de leur gentillesse.
Collection de souvenirs offerts aux visiteurs
Références
- Amdur, Ellis - Hidden in Plain Sight: Tracing the Roots of Ueshiba Morihei's Power. Edgework: Crisis Intervention Resources PLLC (2009)