Isoyama Hiroshi Shihan est l'un des derniers élèves directs de O Sensei Ueshiba Morihei encore en vie. Il a étudié auprès du maître pendant 20 ans à Iwama (prefecture d'Ibaraki), et l'a suivi en tant qu'assistant lors de ses nombreux voyages. Au cours des années, Isoyama Shihan a servi fidèlement la famille Ueshiba, en tant qu'instructeur principal de la Branche Iwama de l'Aikikai au sein même du dojo construit par O Sensei, et en tant qu'instructeur / conseiller pour diverses autres organisations, y compris la Fédération Japonaise d’Aïkido, le Ministère de la Défense, et le Toride Aikikai.
Franchement, j'ai commencé l’Aïkido parce que je ne voulais pas perdre de combat de rue. Guillaume Erard : Vous avez débuté l'Aikido à un très jeune âge, pourriez-vous nous en parler ?
Isoyama Hiroshi : Beaucoup d'enseignants disent avoir commencé l'Aïkido car ils ont été touchés par les paroles d'O Sensei ou parce que c'était un Budo d'harmonie [NDT : Isoyama Sensei utilise le terme Wa no Budo. Wa (和) est un concept culturel japonais impliquant l'unité pacifique et la conformité au sein d'un groupe social], mais pour moi, c'était différent. Franchement, j'ai commencé l’Aïkido parce que je ne voulais pas perdre de combat de rue. Je suis venu ici à l'âge de 12 ans, je crois que c'était le 1er juin 1949.
Guillaume Erard : Comment se déroulaient les entraînements au dojo d'Iwama ?
Isoyama Hiroshi : À l'époque, il n'y avait pas de tatami dans ce dojo ; c'était un plancher. Les projections n'étaient donc pas comme aujourd'hui où vous seriez projeté au sol en faisant des grands « Bang, bang, bang, bang » sur le tatami lors de vos ukemi. Tout d'abord, lors des cours d'O Sensei, on commençait doucement avec des techniques faciles et on augmentait la difficulté progressivement. J'ai d'abord fait du suwari waza, puis progressivement du hanmi handachi, et finalement du tachiwaza.
Guillaume Erard : J'ai commencé l'Aikido dans le groupe d'André Nocquet. Quel souvenir gardez-vous de Nocquet ? Est-ce qu'il se rendait souvent au dojo d'Iwama lorsqu'il était au Japon ? M. Nocquet, qui était vraiment très costaud, n'arrivait pas à faire fonctionner son nikyo sur moi, tandis que le mien fonctionnait très bien
Isoyama Hiroshi : Je crois qu'il est venu à quelques reprises lorsque j'étais ici, mais pas si souvent que ça. Je me suis entraîné avec lui à quelques reprises quand je suis allé au Hombu Dojo avec O Sensei. J'étais encore au lycée et M. Nocquet, qui était vraiment très costaud, n'arrivait pas à faire fonctionner son nikyo sur moi, tandis que le mien fonctionnait très bien ; il se rendait compte que quelque chose clochait. Il faisait de gros efforts pourtant. Puis Kisshomaru Sensei est venu lui dire qu'il ne le faisait pas correctement et il l'a démontré sur moi. C'est le souvenir que je garde de lui.
Guillaume Erard : Quand vous avez commencé, les techniques étaient été appelées « kajo » au lieu de « kyo », avaient-elles plus de similitudes avec celles du Daito-ryu Aiki-jujutsu ?
Isoyama Hiroshi : C'est certainement vrai. Lors de mon apprentissage avec O Sensei, nous utilisions le système « kajo ». Les techniques se nommaient ikkajo, nikajo, sankajo, et ainsi de suite. Mais quand André Nocquet est entré au Hombu Dojo comme uchi deshi, nous n'avions pas de manuel technique ; Kisshomaru Sensei a donc publié le premier livre sur l'Aikido, et dans celui-ci il n'utilisait pas les termes ikkajo, nikajo, etc, mais ikkyo, nikyo, sankyo, etc. D'ailleurs, dans les jujutsu anciens, les deux systèmes coexistent. Kyo est écrit avec le kanji 教, qui veut dire « enseignement » [lisez un article expliquant la difference entre Kyo et Kajo], mais je ne le connaissais pas au début, je me demandais comment il était censé être écrit, et c'est seulement lorsque j'ai lu le livre que je l'ai su. Donc, à l'époque, kotegaeshi était identique, mais nikyo ura s'appelait kote mawashi. Depuis, le nom a changé.
Guillaume Erard : Savez-vous pourquoi les noms ont-ils changé de « kajo » à « kyo » ?
Isoyama Hiroshi : Je ne sais pas ce que Kisshomaru Sensei avait en tête... Je pense que c'est sûrement parce que le système kajo était utilisé dans les rouleaux de Daito-ryu avec lesquels Takeda Sokaku Sensei récompensait ses élèves. Il voulait probablement prendre ses distances et rénover à partir de ça. Mais c'est juste mon sentiment.
Guillaume Erard : J'étudie le Daito-ryu Aiki-jujutsu et je me suis rendu compte que les cinq principes de l'Aikido (Ikkyo, Nikyo, Sankyo, Yonkyo, Gokyo) ont été tirés du Shoden de Daito-ryu, qui comprend 118 techniques de base regroupées en cinq kajo : Ikkajo, Nikajo, Sankajo, Yonkajo et Gokajo. Il semble que le Daito-ryu Aiki-jujutsu contienne de nombreuses techniques pour illustrer chaque kajo, alors que l'Aikido n'en a gardé qu'une (un principe = une technique). Par exemple, la technique Ikkyo dans l'Aikido semble semblable à Ippondori du Daito-ryu, qui est en fait la première des 30 techniques du groupe Ikkajo. Savez-vous comment O Sensei a élaboré le programme d'Aikido ?
Isoyama Hiroshi : Lorsque j'ai commencé en 1949, les techniques pratiquées par O Sensei étaient différentes par rapport à celles de ses dernières années, même si elles étaient toutes les deux appelées Ikkyo. Dans le Daito-ryu effectivement, Ikkajo recouvre un ensemble de techniques, mais cela est également vrai dans l'Aikido. Ainsi, il existe une variété de techniques sur shomen-uchi, yokomen-uchi ou katate-dori que l'on appelle Ikkyo. Donc, il existe différentes versions de Ikkyo. Les gens disaient qu'il y existait plus de 2000 techniques dans le cursus de base.
Guillaume Erard : Si les techniques qui vont d'Ikkyo à Gokyo sont aussi des principes, est-ce que cela implique que d'autres comme kote gaeshi, hijikime osae, shiho nage, ne le sont pas ? Et le titre sur mes papiers d'inscription était « Inscription au Daito-ryu Aiki-jujutsu ». C'est ce que j'ai signé.
Isoyama Hiroshi : Je pense que l'importance d'une technique n'est pas associée au fait que son nom se termine par kyo. Par exemple, les techniques d'Ikkyo à Gokyo sont toutes des techniques d'immobilisation, et les techniques comme kotegaeshi, shiho nage, et irimi nage sont des projections. Les techniques ayant des noms différents ont des caractéristiques différentes et l'on ne peut pas les classer simplement de la manière suivante : cette technique est secondaire et celle-là est essentielle.
Guillaume Erard : Il semble que le nom « Aikido » n'ait en realité pas été choisi par O Sensei, mais par un comité, est-ce vrai ?
Isoyama Hiroshi : C'est ce qui a été écrit dans des livres. Je crois que Hirai Sensei allait au Butokukai pour enseigner à la place de O Sensei, car il était l'un des élèves de O Sensei. À l'époque, je ne suis pas sûr que la discipline s'appelait toujours Daito-ryu Aiki-jujutsu, et apparemment c'est à ce moment-là qu'ils ont utilisé le mot Aikido pour la première fois [pour en savoir plus, sur le choix du nom « Aikido », lisez cet article]. Mais je ne suis pas certain de ça. Quand je suis venu ici, cela s'appelait la Fondation Aikikai. La Fondation Aikikai a été approuvée en 1947 par le Ministère de l'éducation, de la culture, des sports, des sciences et de la technologie. Avant cela, cela s'appelait la Fondation Kobukai depuis longtemps. Après la guerre, je pense que c'était en 1947, le ministère a approuvé l'organisation en tant que Fondation Aikikai. Ils utilisaient le mot Aiki à l'époque. Et le titre sur mes papiers d'inscription était « Inscription au Daito-ryu Aiki-jujutsu ». C'est ce que j'ai signé. En haut du registre des élèves, il y avait aussi les noms de personnes telles que l'amiral Takeshita Isamu.
Guillaume Erard : Comment s'appelait l'art d'Ueshiba Sensei avant cela ?
Isoyama Hiroshi : Avant qu'il devienne Aikido, on l'appelait « Aikibudo ». Quant à nous, quand j'ai commencé, nous l'appelions toujours « Aiki » au lieu de « Aikibudo ». Pas « Aikido ». Je pense que c'était avant la fin de la guerre, probablement avant 1945, qu'on l'appelait « Aikibudo ».
Guillaume Erard : Vous vous êtes inscrit peu après l'arrivée d'O Sensei à Iwama, à un moment où l'Aikido a subi un profond changement. Que s'est-il passé ?
Isoyama Hiroshi : Je pense que la fin de la guerre a été la cause de ces changements. Des choses différentes... Je ne les comprenais pas car j'étais un enfant, mais quand O Sensei est venu ici, il n'allait pas très bien. Il était malade. Jusque-là, comme vous pouvez le voir, [il montre les portraits d'O Sensei affichés dans le dojo] il ne portait qu'une moustache, mais quand il est venu ici, il a commencé à se faire pousser la barbe. Quand j'ai commencé en 1949, sa barbe était déjà comme ça. Le sanctuaire a été construit en 1943, avant cela, il venait ici de temps en temps. Et puis il y a eu la fin de la guerre, et l'incident Omoto. Cela n'a cependant pas affecté O Sensei. Guillaume Erard : Quel était le rôle de Kisshomaru Sensei dans tous ces changements ? ...si le deuxième Doshu, Kisshomaru Sensei, avait agi de la même manière que le Fondateur, il n'y aurait pas d'Aikido tel que nous le connaissons aujourd'hui...
Isoyama Hiroshi : Je ne peux pas vraiment comparer O Sensei à Kisshomaru Sensei, mais O Sensei n'était pas vraiment intéressé par la création d'une organisation. Je pense que cela s'explique parce que le Fondateur a créé un chemin là où il n'y avait rien. Mais quand la fondation a atteint un certain niveau, Kisshomaru Sensei a commencé à se concentrer sur l'organisation. Je pense que si le deuxième Doshu, Kisshomaru Sensei, avait agi de la même manière que le Fondateur, il n'y aurait pas d'Aikido tel que nous le connaissons aujourd'hui, l'organisation Aikikai. Ainsi, je pense que la contribution de Kisshomaru Sensei à la communauté Aikido est énorme. Quand ils ont publié le premier livre, ils ont essayé de ne pas utiliser des mots comme kyo ou kajo, que des gens qui ne connaissaient rien à l'Aikido ne comprendraient pas. Ils ont utilisé des mots simples que tout le monde pouvait comprendre.
Guillaume Erard : Quelle est la place du Dojo d'Iwama dans l'Aikido actuel ?
Isoyama Hiroshi : C'est une question difficile, c'est extrêmement difficile de répondre. Aujourd'hui, le Doshu vient enseigner une fois par semaine, et Waka-Sensei vient aussi donner des cours le mercredi. Doshu est censé venir chaque semaine pour le cours du samedi, mais il est souvent occupé. Je crois qu'il le fait encore une fois ou deux fois par mois. Donc, le Hombu Dojo et ce Dojo sont sur le point de s'uniformiser ; mais nos pratiques sont un peu différentes, et certaines personnes sont confuses. Cela dit, ça se passe bien jusqu'à présent, et si nos instructeurs et les instructeurs du Hombu peuvent échanger davantage, comprendre les pratiques réciproques, et parler franchement, cela devrait aller dans la bonne direction.
Guillaume Erard : Etes-vous d'accord avec les gens qui disent que l'Aïkido vient des armes ? Cependant vu la manière qu'ont les gens de le faire aujourd'hui, si votre adversaire portait une attaque sérieuse avec une arme, vous pourriez être touché.
Isoyama Hiroshi : Et bien, cela dépend de ce que les gens pensent, mais concernant l'Aïkido, c'est ce que tout le monde dit, que cela vient des armes. Mais le mouvement avec une arme, avec un outil, est quelque peu différent de celui effectué à mains-nues. Et quand je fais un déplacement, comme irimi ou tai no sabaki, il est plus facile pour les élèves de le comprendre lorsque j'ai un outil en main que lorsque je n'en ai pas. A partir de ce constat, je pense qu'il est nécessaire de faire le lien avec les armes lors de la pratique et lorsqu'on enseigne. De plus, quand par exemple vous faites shomen uchi avec une arme, que ce soit un ken ou un jo, vous le faites d'une manière complètement différente de celle employée pour le faire à main nue. Bien sûr, que vous ayez un outil en main ou non fait une différence dans le mouvement, mais à la base la façon de faire taisabaki est la même. Ainsi quand vous bougez avec la posture irimi, peu importe que votre adversaire ait un ken ou un jo, vous pouvez éviter le coup. Cependant vu la manière qu'ont les gens de le faire aujourd'hui, si votre adversaire portait une attaque sérieuse avec une arme, vous pourriez être touché. Il est donc nécessaire d'apprendre à faire taisabaki, non seulement à mains nues mais aussi avec un ken ou jo. Et cela transparaît dans ma façon d'enseigner, bien que l'usage du ken ou du jo ne soit pas le cœur de notre pratique. En procédant comme ça, je constate que les gens commencent à bouger différemment. [caption id="attachment_1054" align="aligncenter" width="1024"]
Inagaki Shihan, Guillaume Erard, Kei Izawa, et Isoyama Shihan au Sanctuaire Aiki
Guillaume Erard : Quel est votre point de vue sur la théorie d'une pratique taijutsu/ken/jo unifiée ?
Isoyama Hiroshi : Et bien, comme je l'ai dit, le mouvement est un peu différent. Différent, mais si vous savez vous déplacer ou faire sabaki correctement avec une arme comme un ken ou un jo, vous devriez également pouvoir le faire à mains nues. Mais si vous n'êtes familier qu'avec le taijutsu, lorsque votre adversaire a une arme, vous ne pouvez pas y faire face. Bien sûr, vous pouvez le faire si votre adversaire est conditionné à bouger dans l'objectif de prendre un ukemi adapté à votre déplacement. Mais si votre taijutsu n'est pas assez bon, comment pouvez-vous faire face lorsque l'adversaire attaque pour de vrai ? En plus de ça, quand l'adversaire est armé, il y a une différence psychologique. Vous serez nerveux. Je pense que nous avons besoin d'intégrer le ken et le jo pour permettre aux élèves d'expérimenter cette tension.
Guillaume Erard : Dans quel contexte O Sensei utilisait-il les armes dans son entraînement ?
Isoyama Hiroshi : Ah ça, et bien, comme je l'ai dit, c'était pour sabaki et irimi, pour aider les élèves à comprendre sabaki et irimi par des démonstrations. O sensei avait une habitude, quand il y avait des invités qui découvraient l'Aïkido, il pouvait discuter et leur expliquer l'Aïkido, mais quand nous étions là avec lui, il pouvait d'un coup prendre quelqu'un et exécuter une technique au milieu de la conversation et cela même s'ils prenaient le thé ou si la pièce était petite. La raison était qu'ils n'auraient pas réellement compris ce qu'étaient irimi ou sabaki par une simple explication. Il prenait quelqu'un pour illustrer son propos. S'il n'avait pas de ken ou de jo, il illustrait ces principes par le taijutsu, s'il avait l'un des deux, il le prenait et faisait de même. Pareil pendant les démonstrations, il présentait irimi avec un ken ou un jo. Il s'agissait donc plus de montrer comment faire face à un opposant armé d'un ken ou d'un jo que d'expliquer l'usage de ces armes. [caption id="attachment_1083" align="aligncenter" width="1645"]
Isoyama Shihan montrant les armes de O Sensei à Guillaume Erard
Guillaume Erard : Quel est l'objectif pédagogique du suwari waza ?
Isoyama Hiroshi : Quand vous faites du suwari waza, contrairement au tachi waza, vous ne pouvez pas bouger du tout. Quand vous le faites pour la première fois, vous ne pouvez même pas faire de shikko correctement, et pour parvenir à bouger librement, le bas de votre corps doit être fort. Par exemple, il y a du travail au sol en judo mais il n'y a pas d'équivalent en Aïkido. Par le passé, quelques sempais avaient coutume de dire que puisque nous n'avons pas de travail au sol, nous devons le remplacer par le suwari waza. Je pense que c'est en partie vrai, mais en réalité, je pense qu'il vient du style de vie japonais, et je le conçois comme la base de toutes les techniques, le plus basique de tous les déplacements de base. Le suwari waza est donc très important.
Guillaume Erard : De nos jours, le suwari waza semble différer de la forme compacte que pratiquait O Sensei ou de celle utilisée par les pratiquants de Daito-ryu. Cependant, dans le suwari waza d'aujourd'hui, les gens se tiennent presque sur la pointe des pied, mais dans le passé, on partait de seiza pour arriver en seiza.
Isoyama Hiroshi : En fait je ne peux pas vous donner une réponse tranchée. Elle diffère en fonction des gens. En y réfléchissant, quand on regarde les vieux films d'O Sensei, on remarque effectivement qu'il ne bougeait pas vraiment beaucoup. Cependant, dans le suwari waza d'aujourd'hui, les gens se tiennent presque sur la pointe des pied, mais dans le passé, on partait de seiza pour arriver en seiza. On partait assis en seiza et on bougeait rapidement, on se déplaçait aussi sur les pointes mais les immobilisations étaient faites en seiza. Concernant ce point, je pense que c'était aussi parce qu'O Sensei ne pouvait plus aussi bien se déplacer ou avait moins de contrôle de son corps dans ses dernières années et il avait plus tendance à être débout sur ses genoux que d'être assis en seiza.
Guillaume Erard : L'Aïkido d'O Sensei a-t-il changé durant les 20 années que vous avez passées avec lui ? Quand je regarde comment les gens s'entraînent aujourd'hui, il peuvent bien dire qu'ils commencent avec une « pratique dure », pour moi cela ressemble plutôt à une « pratique douce ».
Isoyama Hiroshi : Il a beaucoup changé. O Sensei parlait beaucoup de solide, liquide, gaz et de cercle, carré, triangle. Cela vient apparemment du Shinto comme lorsqu'ils disent ikumusubi [生産霊 : Le triangle, qui symbolise le pouvoir de naissance et de création], tarumusubi [足産霊 : Le cercle, qui symbolise le pouvoir de l'enrichissement et de l'unification], tamatsumemusubi [玉産霊 : Le carré, qui symbolise le pouvoir qui ancre l'âme dans le corps]. Et si je le dis avec des mots, c'est kaisho [楷書 : script régulier], gyosho [行書 : script semi-cursif], et sosho [草書 : script cursif], les trois styles d'écriture. Il parlait beaucoup du solide, du liquide et du gaz à l'entraînement.
Je l'explique parfois moi-même aux gens, mais si je veux simplifier c'est kaisho, gyosho, sosho. Si vous êtes japonais, vous faites un petit peu de calligraphie, et la première chose que vous apprenez est comment dessiner une ligne horizontale et verticale. Et même dans cette simple ligne il y a kihitsu [起筆 : fait référence au début du tracé], enpitsu [円筆 : fait référence à une méthode de trait qui donne une impression douce et généreuse en donnant de la rondeur au tracé], et shushitsu [収筆 : fait référence à la fin du coup de pinceau]. Au départ, vous apprenez à correctement mettre du poids sur le pinceau et comment le relâcher, et ensuite vous continuez avec gyosho. Et depuis gyosho vous évoluez vers une variété de formes plus fluides. Je pense que c'est pareil pour le waza. Je pense que peu importe comment les techniques changent, vous devez vous entraîner à faire trois types de techniques. Les techniques fermes, les techniques avec un peu de mouvement comme gyosho et les techniques avec que du mouvement. C'est donc ce que je fais encore maintenant même si je ne peux plus très bien bouger mon corps. Si vous ne pouvez pas faire l'une de ces étapes correctement, vous ne pouvez pas passer à la suivante. Quand je regarde comment les gens s'entraînent aujourd'hui, il peuvent bien dire qu'ils commencent avec une « pratique dure », pour moi cela ressemble plutôt à une « pratique douce ». Quand j'ai commencé au début avec O Sensei, nous avions plus de techniques qui s'apparentaient au kaisho.
...il y a ces personnes [...] qui font chuter leur adversaire avec un léger mouvement de cou. Je n'ai jamais vu O Sensei faire ça. J'ai été avec O Sensei pendant seulement 20 ans, mais même durant cette courte période, ses techniques ont changé dans les dernières années. Bien sûr, quand vous allez sur vos 80 ans et que avez moins de force physique, vous ne pouvez plus faire les techniques que vous faisiez à la soixantaine. Donc il faisait en sorte que son adversaire bouge, mais ce n'était pas comme si son adversaire bougeait pour lui. O Sensei le faisait bouger. C'est toute la différence. Ce n'est pas l'adversaire qui bougeait de lui-même pour O Sensei, c'est O Sensei qui créait une situation dans laquelle il n'avait pas le choix. C'était ça la technique d'O Sensei. Par exemple, il y a eu une fois où O Sensei a fait irimi, et j'ai été projeté sans qu'il ne me touche.
Guillaume Erard : Comment est-ce possible ?
Isoyama Hiroshi : J'ai bougé tout en douceur, comme si j'étais tiré, et à un moment, j'ai essayé un peu de résister. Il est rentré comme ça BAM ! Donc il vaut mieux ne pas résister inutilement. Quand je regarde comment les gens font maintenant, c'est plutôt comme s'ils allaient chuter volontairement. C'est ce que je vois souvent. Je pense que c'est ça la différence, y compris avec des mouvements du même type. Maintenant il y a ces personnes, vous en avez peut-être vu dans des démonstrations, qui font chuter leur adversaire avec un léger mouvement de cou. Je n'ai jamais vu O Sensei faire ça. Jamais. Donc ces Sensei ont sûrement surpassé O Sensei. Je ne sais pas à quel point ils se sont entraînés, mais il y a réellement des gens comme ça. Quand ils font ça, leur adversaire vole comme ça. Mais ce que j'ai ressenti avec irimi nage est comme je le disais, j'étais presque tiré et alors que je me déplaçais doucement, j'étais comme fauché d'un coup. C'est l'expérience que j'ai vécue.
Watanabe Shihan et ses fameuses projections à distance All Japan Aikido
Guillaume Erard : Est-ce que Ueshiba Morihei pratiquait beaucoup en solitaire ?
Isoyama Hiroshi : O Sensei disait souvent que l'Aïkido est une technique de purification. Ainsi, dans le Shinto, vous faites funakogi, misogi, ce genre de choses. Nous faisions ça ensemble avec le fondateur. Vous faites d'ailleurs toujours l'exercice funakogi ? Je suis désolé de dire ça, mais le funakogi que vous faites aujourd'hui est plus un exercice qui y ressemble. Vous ne le faites pas correctement.
Guillaume Erard : Vous êtes partisan d'utiliser la puissance du corps, que pensez-vous des courants d'Aïkido qui refusent une pratique vigoureuse ?
Isoyama Hiroshi : Je pense que vous devriez utiliser votre énergie autant que possible quand vous êtes jeunes. Quand vous êtes jeunes, vous avez beaucoup d'énergie et vous serez frustrés de devoir la réfréner. C'est en vous en servant le plus possible que vous comprendrez progressivement à travers la pratique que vous la gaspillez. Si vous ne laissez pas les gens comprendre ça physiquement, il penseront que l'Aïkido est un Budo où vous n'êtes pas sensés utiliser votre énergie. C'est pourquoi je laisse les pratiquants jeunes utiliser autant d'énergie qu'ils le souhaitent pour les aider à comprendre au travers de la pratique qu'avoir cette énergie ne signifie pas qu'ils pourront toujours vaincre un adversaire.
Isoyama Hiroshi au All Japan Aikido
Bien sûr certaines personnes se concentrent sur leur mouvement, mais ma façon de faire consiste à laisser les personnes jeunes utiliser autant d'énergie que possible sans les refréner. Et s'ils ont de l'argent à dépenser à volonté, je les laisse faire aussi ! Ainsi ils se demanderont pourquoi ils ne parviennent pas à se défaire d'un adversaire, malgré toute cette énergie dépensée. En fait c'est comme ça que ça se passait du temps d'O Sensei. O Sensei m'a alors dit : « Isoyama, tu n'es pas une chèvre ! Ne me pousse pas avec ta tête ! Utilise tes mains ! » [rires] Par exemple, vous faites suwari waza kokyo-ho à la fin du cours n'est-ce pas ? La façon dont vous le faites aujourd'hui est différente de ce que nous faisions pendant notre pratique. Nous aurions poussé comme ça, nous n'aurions pas fait quelque chose comme ça [nous ne levions ni n'écartions autant les mains]. Bien sûr, vous auriez pu faire quelque chose comme ça. Une fois, je poussais la poitrine d'O Sensei en force de cette façon, et mes mains commençaient à s'engourdir. Ensuite, mes mains se sont lentement tassées comme ça [vers moi], et mon front a touché sa poitrine. Et là je l'ai poussé avec ma tête plutôt qu'avec mes mains. O Sensei m'a alors dit : « Isoyama, tu n'es pas une chèvre ! Ne me pousse pas avec ta tête ! Utilise tes mains ! » [rires] C'est ce qu'il a vraiment dit.
J'ai alors réalisé que je ne pouvais pas l'emporter sur lui, peu importe la force que je mettais à le pousser. Et je finissais à rouler sur le sol alors qu'il n'utilisait même pas la moitié de son énergie. Ca vous aurait satisfait comme situation ? Non, pas vrai ? De plus comme je le disais tout à l'heure, j'ai enseigné un temps à des gars de la police militaire comme James Paulson. Je les ai fait venir ici un jour. Et quand je leur faisais cours, comme ils avaient l'habitude que je les projette fort ils pensaient que j'étais vraiment fort. Quand ils ont vu qu'avec O Sensei, j'étais moi-même projeté et que je roulais comme un ballon, ils ont dit que c'était impossible. Je ne parvenais pas le repousser comme ça, et donc ils ont dit que c'était truqué, et se sont demandés pourquoi je n'arrivais pas à défaire d'un vieil homme comme lui. J'ai donc dit : « Pourquoi vous n'essayez pas ? ». J'ai été parler à O Sensei pour lui demander. Il a appelé l'un d'entre eux pour essayer et cet homme n'y est pas parvenu. C'est une histoire vraie. Ils ne me croyaient même pas. Ils disaient : « c'est impossible que vous puissiez être vaincu comme ça par un homme âgé ».
Isoyama Shihan au Hombu Dojo lors du Kagamibiraki 2015
Guillaume Erard : Le mot « pratique interne » semble populaire de nos jours en occident. Faites-vous une différence entre pratique « interne » et « externe » ? Pourtant quand je regarde les gens, on dirait que leurs envies égoïstes passent en premier. J'ai le sentiment qu'il ne font pas vraiment d'effort de développement personnel.
Isoyama Hiroshi : Humm, et bien, je suppose qu'il y a différentes définitions pour « interne » et « externe ». Externe ça peut être le taijutsu et le kenjutsu où vous utilisez votre corps. Et « interne » peut désigner l'aspect psychologique, et aussi comment vous respirez. Je pense que l'aspect psychologique est très important. Comme je disais tout à l'heure, l'Aïkido ce n'est pas juste le refus de la compétition ou de la violence, c'est aussi une voie pour s'améliorer. Pour y parvenir, vous devez coopérer avec les autres et laisser vos envies égoïstes derrière vous. Je pense que ça ne fonctionne pas correctement tant que vous n'avez pas appris à faire ça. Pourtant quand je regarde les gens, on dirait que leurs envies égoïstes passent en premier. J'ai le sentiment qu'il ne font pas vraiment d'effort de développement personnel. Donc si une personne comme ça commence à enseigner, ses élèves seront comme ça aussi.
Guillaume Erard : Faites-vous référence au « Ki » dans votre enseignement ?
Isoyama Hiroshi : Bien sûr, c'est très important. O Sensei avait l'habitude de dire quelque chose comme : « Vous pouvez relâcher votre corps mais votre Ki doit rester ferme ». Quand votre partenaire a moins d'expérience ou de force, vous devez utilisez moins de force pour vous adapter à lui. Mais quand il s'agit de subir des blocages articulaires, vous devez relâcher votre corps et laisser le partenaire faire comme il le souhaite. Cependant si vous relâchez aussi votre Ki, vous allez vous blesser. C'est pourquoi O Sensei disait toujours : « Vous pouvez relâcher le corps mais pas le Ki ». Je pense que « Ki » a plusieurs définitions possibles, mais en Aïkido, on dit souvent qu'il ne faut pas relâcher le Ki, donc le Ki est très important. La question est donc : pourquoi le Ki n'est pas plus mis en avant de nos jours ? Je pense que l'une des raisons est que c'est le partenaire qui bouge pour vous. Comme je disais tout à l'heure, O Sensei se déplaçait de sorte que son partenaire soit obligé de bouger. Mais aujourd'hui, même si vous ne bougez pas, votre partenaire bouge pour vous. Donc vous n'avez pas besoin de Ki. Vous n'êtes pas d'accord ?
Guillaume Erard : Pourquoi O Sensei était-il si catégoriquement opposé à l'idée qu'il y ait des compétitions en Aïkido ?
Isoyama Hiroshi : Les gens disent souvent qu'il n'y a pas de combat en Aïkido car c'est un Budo d'harmonie, mais qu'est-ce que l'harmonie ? L'harmonie ce n'est pas juste ne pas se battre ou ne pas faire de compétition. Cela signifie construire des relations avec des gens avec qui vous pouvez partager un objectif commun et une philosophie, le tout au travers d'une activité comme l'Aïkido, si ce que vous faites est de l'Aïkido. Cela pourrait plus avoir à faire avec l'aspect religieux, mais je pense que les idées religieuses d'aujourd'hui ne suivent plus la direction qu'elles avaient à l'origine. Maintenant on va plutôt rejeter quelqu'un à cause de différences religieuses, et cela mène à des conflits. Cela arrive aussi dans le Budo. Si vous essayez de comprendre et d'accepter l'autre, l'autre vous comprendra et vous acceptera tout autant. C'est ce que je pense. Si vous essayez de forcer les autres à vous comprendre et à vous accepter, mais que vous-même ne faites pas cet effort, cela mène à des conflits. Donc vous devez d'abord comprendre l'autre. D'abord, s'adapter soi-même aux autres, et ensuite, faire que les autres s'adaptent à vous selon vos souhaits. C'est la façon de faire d'O Sensei.
Durant les réunions par exemple, les gens échangent des arguments, mais si durant cet échange vous ne faites qu'insister sur vos idées sans écouter celles des autres, vous ne pouvez pas tomber d'accord. Vous devez donc reconnaître et dire que telle partie de l'idée de quelqu'un est bonne et que vous allez la garder, et de là vous serez à même de résoudre le problème je pense. L'Aïkido est une voie pour apprendre ce genre de choses. D'abord, s'adapter soi-même aux autres, et ensuite, faire que les autres s'adaptent à vous selon vos souhaits. C'est la façon de faire d'O Sensei. Il y a l'expression « ai uchi » [相打ち : résultat d'un duel où chaque participant tue l'autre]. O Sensei croyait en « ai nuke » [相抜け : l'issue d'un duel où chaque participant échappe à un préjudice]. Ai nuke survient quand vous ne blessez pas l'autre mais que vous n'êtes pas blessé non plus. Donc ce n'est pas suffisant de juste continuer à dire que l'Aïkido est un Budo d'harmonie et de seulement essayer de réunir autant de gens que possible sans réellement s'appliquer au développement personnel. Ce type de désirs égoïstes n'est pas bon je pense. Peu importe le temps écoulé, nous ne pouvons pas nous empêcher d'éprouver de forts désirs égoïstes, mais si vous gardez toujours cette idée dans un coin de votre esprit, vous pourrez éteindre ces désirs, je pense.
Kei Izawa et Guillaume Erard avec Isoyama Shihan au Dojo d'Ibaraki
Guillaume Erard : Vous avez rencontré beaucoup d'étrangers qui essaient de saisir l'essence de l'Aïkido, que pensez-vous que ces gens cherchent dans l'Aïkido ?
Isoyama Hiroshi : Je pense que les choses changent un peu quand les gens sont d'origines différentes mais je conçois l'Aïkido comme une composante de la culture japonaise. La chose importante à propos de l'Aïkido, comme je l'ai dit plus tôt, est le Ki. Les autres sports n'ont pas vraiment ce genre de concept. Donc les gens veulent quelque chose qui ait cette spiritualité. Et en la cherchant, ils découvrent que leur pratique quotidienne ne les satisfait pas. Donc où vont-ils ? Il n'y a pas longtemps, quelqu'un a fait le voyage jusqu'ici depuis le Danemark. Il est venu ici avec l'espoir d'y trouver quelques réponses. Et je lui suis très reconnaissant pour ça. Vous aussi [nous montrant Kei Izawa et moi], vous venez de très loin alors que vous devez être très occupés, et vous abordez ces sujets. Je n'en suis pas très sûr car je n'y vais pas pour l'expérimenter, mais les étrangers n'interagissent pas si souvent avec des enseignants japonais. Il y a une statue ici n'est-ce pas ? Quand le dojo a été reconstruit, nous avons annoncé dans le journal de l'Aïkido que nous cherchions des donations pour construire cette statue. Un enseignant japonais 8e Dan est venu nous voir. Il avait un dojo bien que je ne sois pas sûr s'il était à lui, mais il était professeur. Il a demandé à propos de la statue, si nous l'avions construite, comme la petite ici. Il aurait eu la réponse s'il avait seulement jeté un coup d'œil au journal, et pourtant il a posé une question comme ça. Cela signifie qu'il n'y portait aucun intérêt.
Isoyama et Inagaki Shihan devant la statue d'O Sensei à Iwama
Guillaume Erard : Que pensez-vous que nous devions dorénavant garder à l'esprit lorsque nous faisons la promotion d'un Aïkido juste ? ...laissez juste vos désirs égoïstes derrière vous et essayez d'enseigner ce que le fondateur enseignait de la manière dont il le faisait à autant de monde que possible.
Isoyama Hiroshi : Et bien je l'ai déjà dit mais il s'agit de laisser vos désirs égoïstes derrière vous. Aborder l'Aïkido sérieusement. C'est ce que je pense et me dis à moi-même. Comme une règle, oui. Ainsi si nous avons cela à l'esprit, je pense que les gens comprendront. Je me dis souvent que plus particulièrement nous, en tant que professeurs, devions garder cette idée en tête. Il n'y a rien de difficile, laissez juste vos désirs égoïstes derrière vous et essayez d'enseigner ce que le fondateur enseignait de la manière dont il le faisait à autant de monde que possible. Le côté technique, bien sûr, mais aussi le côté psychologique. Je pense que c'est le devoir qui nous a été confié.
Guillaume Erard : A propos du côté philosophique, l'étude de l'Omoto est-elle nécessaire pour comprendre l'Aïkido ?
Isoyama Hiroshi : Hummm, c'est vrai qu'il parlait beaucoup des dieux. Plus de 90% de ce qu'il disait était à propos des dieux en fait. Et bien, cela dépend aussi de ce que les gens pensent, mais certains disent que croire en Omoto ouvre les yeux. En ce sens, je ne pense pas qu'il y ait quoi que ce soit de mal à étudier Omoto ou en quoi cela consiste. Personnellement, je ne ressens pas de besoin particulier à le faire cependant. Mais je ne désapprouve pas pour autant.
Guillaume Erard : Vous avez été impliqué avec la Fédération Internationale d’Aïkido pendant une longue période. Quel serait son rôle idéal à votre avis ?
Isoyama Hiroshi : Il y a 47 pays, il y a différentes ethnies, manières de penser, mœurs, etc. Je pense que le plus important est de se comprendre mutuellement. Nous tenons un congrès tous les 4 ans, et quand cela se passe, les réunions se déroulent bien mais je pense que ce serait mieux si nous pouvions passer un peu de temps à se parler en toute franchise. Les congrès ont toujours eu lieu en parallèle des séminaires, mais les démonstrations sont une chose nouvelle. C'était quand M. Somemiya était encore secrétaire général, que j'ai suggéré cette idée. Nous avons pensé pourquoi ne pas passer 3-5 minutes à faire des démonstrations alors que nous sommes tous ensemble, et c'est comme ça que ça a commencé. J'ai donc pensé qu'ils devaient continuer sans suivre trop strictement le protocole. Pendant les démonstrations, vous pouvez voir les caractéristiques de chaque pays, s'ils enseignent l'étiquette correctement ou non et quels genres de pratiques sont les leurs. Vous les regardez et vous avez une première idée de ce qu'ils font au quotidien.
Comme je le mentionnais plus tôt, c'est une organisation internationale donc c'est important qu'elle évolue en une grosse organisation avec du contenu de qualité. Et je pense que c'était du temps de Kisshomaru Sensei, quand elle commençait à devenir importante, que des gens ont eu peur que l'Aïkikaï finisse par perdre le contrôle, mais je pense que cela dépend de votre approche. Si vous ne faites pas les choses bien, c'est ce qui se passera. Mais si vous avez des gens avec le bon état d'esprit et que vous leur faites apprendre les bonnes choses au sujet de la culture japonaise, je ne pense pas qu'il y ait de quoi avoir peur