Le katageiko, une coopération nécessaire entre uke et tori

Le katageiko, une coopération nécessaire entre uke et tori

Alors que d'autres arts martiaux font la part belle au développement solitaire de la forme et des qualités physiques, respectivement via le kata et les suburi, l'aïkido a cela de particulier qu'il se pratique exclusivement à deux. Cela veut dire que l'essentiel de l'apprentissage est dépendant de la bonne volonté d'un partenaire (uke) qui veuille bien mettre son corps à notre disposition afin de faciliter notre progression. Ce qui est encore plus particulier à l'aïkido est aussi le fait que même lorsque l'on se trouve dans le rôle de uke, on reste bel et bien dans un processus d'apprentissage. En fait, et comme nous allons le voir, c'est vraiment dans ce rôle que la majeure partie de l'apprentissage se fait. Ceci conduit malheureusement à un certain nombre d'incompréhensions, d'abord à cause de cette espèce d'antonymie de l'adversaire-partenaire, mais aussi parce que les règles de l'étiquette sous-tendent tout cet apprentissage et brouillent par conséquent encore un peu plus les pistes. Globalement, il me parait donc nécessaire d'effectuer un recadrage sur les paramètres de cette relation entre uke et tori en aïkido.

Le partenaire dans les budo

Traditionnellement dans les koryu bujutsu (古流武術 ; arts martiaux traditionnels), on utilise les termes uke (受 ; celui qui reçoit) ou aite (相手 ; partenaire). Plus spécifiquement, dans la pratique aux armes, on parle de uketachi (受太刀 ; l'épée qui reçoit). Bien qu'ils aient pour origine les koryu, ces termes sont évidemment bien présents dans les gendai budo (現代武道 ; arts martiaux modernes). Par contre, un terme qui est absent des budo modernes comme l'aïkido, mais qui est fréquemment utilisé dans les koryu, est celui de teki (敵 ; ennemi). Le fait que l'on emploie ou pas ce terme est significatif, car il change foncièrement la donne en termes de rapport et de dynamique entre les deux pratiquants.

Il ne faut pourtant pas croire que la différence entre budo anciens et aïkido se situe uniquement dans le fait que la terminologie change notre perception de l'antagoniste. Dans les koryu, le uke est presque invariablement le professeur ou au moins un élève plus avancé que nous, et donc dans ce contexte, la notion d'antagonisme et de danger vient de quelqu'un d'un niveau supérieur au nôtre. C'est la raison pour laquelle la plupart du temps dans les koryu, on remarque que c'est le moins avancé qui projette l'ainé. Dans ces cas-là, on réfèrera à soi-même en tant que ware (我 ; défenseur) et c'est uke qui dictera l'intensité de la pratique, la distance, et la sévérité. Vu que nous sommes au Japon, cet ainé sera aussi quelqu'un envers qui on aura une relation hiérarchique stricte. Ceci forme la base de la relation tori/uke dans les arts martiaux. Ce qui résulte de ce constat est le fait que si on veut rentrer dans la problématique de la relation entre uke et tori, on doit donc aussi parler de la relation entre l'élève et le maître.

Le partenaire en aïkido

En aïkido, teki, l'ennemi, devient donc uke, le partenaire qui sera réceptacle de notre technique (uke se dérive en verbe ukeru ; 受ける, ce qui veut dire recevoir). C'est donc ce renversement des rôles entre attaquant et défenseur en aïkido qui fait que l'on voit, en particulier en démonstration, le senior projeter le junior. Il ne faut pourtant pas croire que ceci est spécifique à l'aïkido, car en fait, on trouve aussi ce renversement des rôles en Daïto-ryu aïki-jujutsu, qui est la discipline qu'a apprise le fondateur de l'aïkido Ueshiba Moriheï auprès du Maître Takeda Sokaku, et qui forme l'essentiel du cursus technique de l'aïkido.

Malgré tout, cet état de fait reste assez inédit dans le monde des arts martiaux traditionnels et il rend le rapport entre tori et uke un peu plus complexe puisque du coup, durant les entrainements de Daïto-ryu ou d'aïkido, les rôles d'uke et de tori sont régulièrement intervertis au lieu d'être strictement définis par le rang des pratiquants.

Le kata, base de l'apprentissage des principes

Ce qui ne varie pas, que l'on pratique l'aïkido ou une autre discipline martiale japonaise, c'est la présence du kata comme cadre de l'apprentissage. Et oui, contrairement à ce que l'on pourrait penser, le kata est bel et bien présent en aïkido et si on regarde bien, il représente même l'essentiel de notre pratique. Les Maîtres Abe Tadashi et André Nocquet parlaient à leurs élèves de kata lorsqu'ils enseignaient une façon formelle d'effectuer les 5 premiers « principes » de l'aïkido (ikkyo, nikyo, sankyo, yonkyo, gokyo). En réalité, le véritable kata qui vise à développer les principes de l'aïkido représente bien plus que cela, il englobe la totalité du cursus de l'aïkido et il sert de socle à la pratique.

Kyo ou Kajo ?

Dans le contexte de l'aïkido, le sens du kanji kyo (教) est plus proche de l'idée d'« enseignement » ou de « technique » que de « principe » et si l'on regarde à l'origine, ce que nous connaissons comme le mouvement ikkyo (一教) ressemble beaucoup à ippondori (一本捕), qui est la première technique du premier répertoire technique de Daïto-ryu appelé ikkajo (一ケ条 ). Ce premier répertoire contient 30 techniques, toutes régies par un même principe : le contrôle de l'épaule. La différence est donc qu'en aïkido, on dispose d'un seul exercice (ikkyo) pour nous permettre de comprendre le principe (contrôle de l'épaule) alors que le Daïto-ryu en propose 30, dont le premier est ippondori. La question que l'on peut donc se poser est : Si ikkyo, nikyo, sankyo, yonkyo et gokyo illustrent des principes, qu'en est-il des techniques comme kotegaeshi ou shihonage qui semblent tomber en dehors de ces « principes » dans la classification de l'aïkido ?

Encore une fois, un coup d'œil au cursus de Daïto-ryu donne un éclairage pertinent. En Daïto-ryu, les techniques comme kotegaeshi, shihonage, etc. sont comprises à l'intérieur d'un ou de plusieurs kajo. Cela veut dire qu'il n'y a pas qu'une seule façon correcte de les exécuter et qu'elles peuvent être faites différemment selon que l'on décide d'appliquer un principe ou bien un autre. Ceci tord le cou aux idées propagées par certaines personnes mal informées qui voudraient qu'il n'y ait qu'une seule façon correcte de faire une technique. Outre le fait que dans les faits, ceux qui disent cela aient tort, cela prouve surtout qu'ils n'ont reçu qu'une exposition partielle au répertoire technique de l'Aïki. En d'autres termes, ce n'est pas parce qu'on ne leur a pas appris une forme que celle-ci n'existe pas ; d'où l'axiome en science qui dit : « une absence de preuve n'est pas une preuve d'absence ». Ceci étant dit, je conviens que l'on trouve parfois des choses abracadabrantes dans ce que certains présentent comme des « variations » et comme toujours, seule une connaissance profonde permet de pouvoir faire la distinction entre attitude bornée et invention pure et simple.

Lorsque je donne un cours d'aïkido, je m'efforce toujours de garder comme l'un des fils rouges un principe donné. Si par exemple mon cours s'axe autour de nikyo, je fais en sorte de démontrer le kotegaeshi tel qu'il est fait dans nikajo, car il serait illogique, si on se soucie de la cohérence des principes, de démontrer un kotegaeshi de ikkajo ou de sankajo. Ce travail de fond m'a permis de mieux comprendre ce que l'on considère comme des différences dans le travail de certains maîtres de l'Aïkikaï, mais qui n'en sont pas forcément quand on les étudie de près. Je ne sais pas s'ils ont appris le cursus étendu ou s'ils ont juste intégré ces principes via la pratique, mais je m'enthousiasme à chaque fois que je vois ce genre de cohérence dans un cours. À l'inverse, ceux qui font des variations sans queue ni tête en fonction de la dernière mode me laissent totalement froid.

Ippondori

Ippondori sur attaque shomenuchi (uke : Jordy Delage)

Évidemment, quand on parle ici de kata, on ne parle pas de pratique solitaire comme en karaté, mais bien de pratique à deux dans le cadre de ce que l'on nomme le katageiko (形稽古). Malgré cela, ce mot veut dire que l'entraînement d'aïkido est un entraînement de répétition de la forme jusqu'à la perfection, exactement comme ce qui se passe en karaté lorsqu'on répète seul ses mouvements devant la glace. Qu'il n'en déplaise aux partisans de la résistance et du sans-compromis, ce qui découle logiquement de ce fait est que nous nous trouvons donc dans une situation de collusion entre partenaires consentants du kata, presque dans une danse. Fondamentalement, la relation tori-aite est basée sur la coopération. Ce concept de katageiko ne date pas d'hier et il est central à tout apprentissage au Japon, quelle que soit la discipline. Dans sa forme à deux, on le retrouve en Daïto-ryu également. Katageiko est l'unique méthode envisagée durant toute la période Shu du Shuhari (守破離 ; 3 périodes d'apprentissage : l'obéissance, la digression, et enfin la séparation, celle où on s'efforce d'apprendre à maîtriser la forme). À l'échelle d'une vie, celui-ci représente l'énorme majorité du temps d'entraînement, en particulier puisqu'en Daïto-ryu, tout comme en aïkido, il n'y a pas de shiaï (試合 ; compétition), c'est-à-dire pas de cadre contrôlé dans lequel la coopération cesse de façon explicite.

Moriheï Ueshiba détestait la forme

À l'origine, Takeda Sokaku, le professeur de maître Ueshiba, vendait ses techniques à l'unité, et il a donc fallu les répertorier et les inclure dans un système didactique afin de pouvoir les retenir. Forcément, ceci prenant place au Japon, le réceptacle et moyen de transmission ne pouvait être que le kata, ce qui a abouti à la préservation de la forme et fait que la compréhension des principes est devenue un sous-produit de ce travail formel.

Le kata est sensé changer le pratiquant un peu malgré lui en infusant son corps avec les principes via le respect scrupuleux de la forme. Par conséquent, l'approche qui consiste à faire sa propre tambouille en mélangeant les formes de plusieurs arts martiaux ou en inventant des variations est probablement contre-productive à la compréhension des principes. On peut tout à fait étudier plusieurs arts de front, mais on ne devrait pas les mélanger tant que l'on n'a pas appris la totalité de chacun d'eux.

Malheureusement pour ses successeurs, Ueshiba Moriheï était aussi terrible que son maître puisqu'il détestait la pratique de la forme et ne donnait aucun nom aux techniques, les considérant uniquement comme des manifestations ponctuelles du phénomène Aïki.[1] Il maitrisait totalement les principes et chacun de ses mouvements était un principe mis en application. C'est l'une des spécificités de son système de transmission ; il mettait les principes au premier plan et ne considérait les techniques que comme des outils de compréhension, un peu comme on apprend un théorème de mathématiques, puis effectue des problèmes variés afin d'affiner notre compréhension. Cette méthode était assez inhabituelle dans les arts martiaux japonais et puisque le vieux maître n'expliquait rien, ses élèves ont dû se rabattre sur le katageiko afin d'intégrer le fond de ce qu'ils l'avaient vu faire.

yokomenuchi

Entrée sur yokomenuchi (uke :Nicola rossi)

D'où vient le kata ?

Le pionnier des arts martiaux Donn Draeger dit :

« Le kata est devenu [...] la méthode de formation centrale pour tous les bujutsu [...] [parce que] c'est le seul moyen par lequel l'action qui caractérise le bujutsu peut être pratiquée sans que les pratiquants ne soient blessés ou tués. »[2]

On perçoit donc dans cette citation une notion de clémence au sein du système d'enseignement. L'utilisation du kata date probablement de la fin de la période de Kamakura (1185–1333), début de la période Muromachi (1337–1573).[3] Pourtant, cet état d'esprit n'est ni une révélation, ni une spécificité Japonaise. Plus de 50 000 années de pressions évolutionnaires ont lentement modelé nos comportements et favorisé le développement d'une forte empathie mutuelle, car elle est favorable à la survie de l'animal social que nous sommes. Cette empathie fait que nous coopérons et avons tendance à ne pas faire aux autres ce que l'on ne voudrait pas qu'ils nous fassent. Plus largement, on trouve ce comportement chez toutes les espèces sociales. Il est donc logique que même les arts de guerre contiennent une notion de clémence entre les membres d'un groupe, même si le but ultime est de s'affranchir de celle-ci lorsqu'on a affaire aux gens extérieurs au groupe.

Shihonage sans chute possible

Forme de shihonage ne permettant pas de chute (tori : Olivier Gaurin)

En Daïto-ryu cette considération de l'autre s'est traduite par une modification dans la finition des techniques effectuées dans le cadre de l'entraînement afin de permettre la chute, alors que la technique originale aboutissait toujours à la casse ou à la luxation. Par conséquent, les projections amples de l'aïkido ne sont qu'une forme exagérée de cette clémence, mais pas vraiment une nouveauté, et qui s'offusque du fait qu'on change la technique en aïkido pour laisser une chance à uke doit aussi faire ce constat en Daïto-ryu et dans tous les autres koryu, sinon il n'y aurait plus personne de valide pour pratiquer.

Shihonage permettant la chute

Forme de shihonage permettant la chute (tori : Olivier Gaurin)

Le kata est en fait une codification (attaque, distance, garde, etc.) et une tentative de rationalisation d'un évènement qui a fait ses preuves sur le champ de bataille, soit de manière unique, soit à plusieurs reprises. Le contexte et la situation sont donc cruciaux à la réussite de la technique et hors de ce contexte précis, celle-ci peut tout à fait être contrée ou renversée. Ceci explique les tailles souvent encyclopédiques des registres techniques de koryu bujutsu, car en fonction du Soke (宗家 ; chef de file) ou de l'époque, chacun a ajouté ses propres variations à l'ensemble, souvent à raison, de façon empirique par rapport à l'avancée technologique ou bien technique de l'armée d'en face, mais aussi parfois pour des raisons moins rationnelles souvent liées à une limitation physique, sociale, ou bien une préférence stylistique.[3] Cet enrichissement technique dans les koryu a encore lieu aujourd'hui.[4]

En ce qui nous concerne en aïkido, cela veut dire que quel que soit le degré de maîtrise, la technique n'est pas un outil universel et imparable. Pour être plus clair, on peut tout à fait bloquer n'importe quelle technique d'aïkido si celle-ci n'est pas effectuée dans le bon contexte d'attaque, ou si on sait d'avance celle qui va être faite. C'est une évidence que beaucoup oublient pourtant. Au sein du katageiko, on est donc dans un contexte d'étude qui requiert un certain degré de coopération, mais au-delà de l'aspect empathique et didactique, c'est aussi afin de préserver l'intégrité de la technique elle-même que le scénario se doit d'être suivi à la lettre.

Qu'y a-t-il hors du kata ?

Comme je l'ai dit plus haut, ce sont en général le shiaï et le randori (乱取り ; pratique libre) qui permettent de gommer un peu de cette coopération, mais il ne faut pas croire que cela soit la réponse à tout puisque dans le randori, on modifiera tout de même un peu une projection pour que le partenaire/ennemi s'en sorte à peu près indemne et que dans le shiaï, c'est la technique elle-même qui sera remodelée afin de tirer parti des failles du règlement ou bien des protections offertes par l'équipement (casques, armes en mousse, etc.).

Dans les deux cas, même si la liberté et la spontanéité seront plus grandes et la coopération moins évidente, la richesse technique aura par contre tendance à diminuer puisque les conditions dicteront ce qui pourra être utilisé de ce qui ne le pourra pas. Un exemple grossier est le fait que les techniques au parapluie du Daïto-ryu ou bien celles en armure du Kashima Shinto-ryu ne trouveront forcément pas leur place sur un ring ou sur un tatami de compétition. De plus, sachant que l'on ne pourra pas frapper aux parties génitales, toute technique visant cette zone ne sera pas considérée.

Le katageiko, au prix de cette coopération, nous permet donc de développer et de préserver des techniques différentes, souvent à valeur plus historique que purement pratiques si on les considère dans les conditions que vous et moi abordons tous les jours. De façon plus importante, le katageiko nous permet aussi de poser des questions plus profondes et de développer des réponses plus intéressantes que si l'on se trouve dans un contexte de qui gagne/qui perd.

Le coût de la résistance

Si on accepte le contexte du katageiko en aïkido, la question qui devrait nous intéresser est : dans quelles circonstances trouve-t-on une coopération, et jusqu'à quel point doit-elle aller ? Je me souviens d'une personne dans la force de l'âge qui s'était rendue à un stage de Tamura Senseï alors que celui-ci était déjà très vieux. Tamura Senseï, comme souvent, est venu le saisir et a bloqué sa technique ; c'était une de ses façons d'enseigner. Le type s'est emporté, oubliant ou ignorant totalement le contexte que j'ai décrit plus haut (l'ainé modifiant les paramètres de son ukemi pour faire travailler le plus jeune), et a entrepris de s'acharner sur l'épaule du vieil homme. Il a réussi et s'en est ensuite allé se vanter sur Internet, allant jusqu'à traiter publiquement Tamura Senseï d'imposteur. Cette histoire montre de façon anecdotique le faible niveau de réflexion de certains pratiquants, mais elle a surtout ceci d'important qu'elle illustre très bien le fait que sans un certain degré d'acceptation et d'humilité, on ne peut rien apprendre dans les arts martiaux japonais. Si elle avait agi autrement, cette brute aurait pu apprendre quelque chose de Tamura Senseï qui lui offrait à ce moment-là quelque chose d'incroyablement précieux : son temps et son corps, ceci dans le but de lui transmettre quelque chose. La brute a choisi d'abuser de cette faveur, allant même jusqu'à risquer de blesser un maître de plus de 70 ans.

Ce rapport de force à géométrie variable est une constante de la pratique, autant dans l'aïkido que dans les koryu. Lorsque je suis au dojo au Japon, il est évident que j'observe un degré de coopération envers mes professeurs. Connaissant la technique à l'avance et du haut de mes 1m83, 86 kilos, et 50 ans de moins, il est évident que je pourrais contrer beaucoup des techniques démontrées par mon maître de 85 ans. Je ne le fais pas, car je m'efforce de lui offrir des conditions favorables pour qu'il puisse me transmettre quelque chose. En outre, un élève qui bloque un maître s'expose à un risque de sanction immédiate (et méritée), le plus souvent sous la forme d'une technique non anticipée, ou même d'un simple, mais cuisant atemi.

Kobayashi Kiyohiro

Coopérer pour faciliter la transmission (tori : Kobayashi Kiyohiro Senseï)

Punir un partenaire non coopératif ?

Je ne suis absolument pas un partisan de la punition dans les arts martiaux modernes, car je pense que ceux-ci doivent tout autant développer le corps que le mental, et que la punition est souvent contre-productive à l'épanouissement et à l'apprentissage. Les chercheurs de l'éducation ont démontré cela de façon très robuste et toute école qui se respecte applique maintenant une justice restauratrice plutôt que punitive. L'aïkido étant non seulement un système d'éducation, mais aussi une activité sociale, je pense donc que la sanction ne devrait pas être un vecteur de l'interaction. Il existe cependant des situations bien particulières où la sanction doit être appliquée.

Tout d'abord, s'il y a un danger immédiat pour un partenaire ou l'autre, il est possible que la sanction soit la réponse la plus appropriée pour supprimer ce danger le plus rapidement possible. Elle prendra dans ce cas la forme d'un atemi ou d'une immobilisation appuyée.

Ensuite, la sanction peut être nécessaire dans le cas où un ou plusieurs partenaires, par leur attitude (attaque, technique, étiquette, etc.), portent atteinte aux règles tacites du katageiko. Je disais dans un article précèdent[5] que j'ai développé une relation avec les maîtres de l'Aïkikaï qui fait qu'ils me font confiance. Dans ces conditions, je peux me permettre de mettre pas mal de pression sur mes kohaï sachant qu'on sait que je n'irai pas trop loin. Pour ce qui est des visiteurs, je fais partie de ceux que l'on envoie quand un étranger se comporte mal sur le tapis. Dans ces cas-là, et puisque les visiteurs sont en principe là pour apprendre, et pas pour démontrer leurs compétences, je réagis en général très sévèrement quand on me bloque. Encore une fois, il est stupide à mes yeux de punir un kohaï qui fait des erreurs techniques, mais par contre, il me semble nécessaire de recadrer les manquements à l'étiquette et aux conventions du katageiko, car il en va de la transmission de la forme, et par extension, de l'essence de notre art.

Malgré cette rigueur apparente, il existe une autre échelle de valeurs, tout aussi importante, qui peut servir à illustrer le niveau que l'on a atteint. Vous êtes-vous déjà demandé combien de personnes de votre dojo aiment pratiquer avec vous ? Qu'elles soient plus ou moins avancées que vous, plus ou moins athlétiques, plus ou moins grandes, lourdes, et selon ce qu'elles cherchent, leur apportez-vous quelque chose d'intéressant, de difficile, ou de plaisant ? C'est le rôle d'un pratiquant expérimenté que d'être en mesure d'apporter quelque chose de pertinent à toute personne qu'il a en face de lui. Du challenge et de l'intensité bien sûr, mais aussi une attitude protectrice aidant à développer la confiance et faciliter la progression au sein du kata.

Pourquoi enseigner l'ukemi ?

On entend parfois dire que l'ukemi ne devrait pas être enseigné afin de ne pas créer des êtres conditionnés à chuter. L'argument semble raisonnable, mais pourtant, invariablement, on voit que les plus grands professeurs passent justement pas mal de temps à enseigner l'ukemi. On peut donc se demander pour quelle raison ils le font et si c'est uniquement afin de conditionner des élèves pour qu'ils chutent comme ils le veulent.

Tout d'abord, au niveau purement pratique, une fois sur le tatami, et si on ne fait pas partie des 0.6% à 1.2% d'individus sociopathes parmi la population, on réalise vite que la rapidité et la puissance de nos techniques sont directement limitées par la capacité de la personne en face à pouvoir les encaisser. Par conséquent, on ne peut vraiment développer des qualités techniques élevées que si le niveau d'ukemi augmente de façon proportionnelle.

Kotegaeshi

Développer l'ukemi pour permettre l'application (uke : Jordy Delage)

Lorsque je voyage pour enseigner, je remarque souvent que les limites dans la technique vont de pair avec des limites dans l'ukemi. Non seulement un dojo où le niveau d'ukemi est faible voit son niveau technique global être limité, mais c'est aussi à ce stade que l'on voit des blessures chroniques se multiplier avec des pratiquants qui ont plus à voir avec les momies en sparadrap qu'avec des budoka. C'est aussi là que l'on entend des choses comme « S'il te plaît, pas ce poignet, j'ai un peu mal... », etc. À l'inverse, lorsqu'on est en présence de pratiquants qui chutent bien, on n'a pas à se soucier du fait que les poignets souffrent de contentions irraisonnables. Je ne parle pas ici de uke volants, même si c'est parfois nécessaire (voir encadré), mais pour moi, un bon uke est un pratiquant fort dans le sens qu'il peut subir tout de n'importe qui.

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Pouvoir tout recevoir (uke : Nicola Rossi)

Les chutes plaquées

On entend parfois dire que la chute plaquée est une dérive démonstrative de l'ukemi. Même si l'abus de voltige nuit clairement à la pratique, il faut par contre considérer le fait que dans sa forme la plus incisive, une technique ne permet soit pas de chute du tout, soit uniquement une chute plaquée. Lorsque j'ai commencé le Daïto-ryu j'ai été très surpris de voir que les gens faisaient parfois des chutes plaquées. La seule différence avec l'aïkido est que la chute plaquée de Daïto-ryu n'est exécutée que quand la technique est pratiquée de façon la plus réaliste possible, ne laissant que la porte de sortie minimum : la chute plaquée.

Par contre, je dois avouer que malgré mon expérience substantielle de chute avec certains des plus grands maîtres d'aïkido, la chute en Daïto-ryu n'a jamais été une seule fois agréable à subir, car la technique de Daïto-ryu laisse juste assez de place pour la chute, mais aucune à l'harmonie ou au confort. La chute est aussi le plus souvent suivie d'une contention articulaire douloureuse. Si je devais comparer la sensation de chute en Daïto-ryu à quelque chose, je comparerais cela aux projections en lutte gréco-romaine ; on n'y va que quand on n'a plus le choix, mais en général, on préfère autant éviter!

La relation uke/tori comme voie de compréhension

Si on demande aux grands maîtres comment ils ont appris, tous répondent « en chutant ». Il faut comprendre ici : « J'ai fait en sorte de développer le meilleur ukemi possible afin que le professeur me projette souvent ». Le bénéfice est double puisque le professeur a besoin d'un bon uke pour appliquer une technique la plus réaliste possible et aussi parce qu'un professeur qui vous fait chuter est quelqu'un qui a délibérément choisi de vous transmettre quelque chose de plus, via le contact. J'en ai déjà parlé précédemment,[5] mais un exemple type est quelqu'un comme Osawa Senseï qui dit clairement aux gens qu'il projette qu'il le fait afin de leur donner des sensations supplémentaires. On voit clairement au Hombu Dojo que seuls les gens qui savent chuter correctement sont sollicités pendant les cours, et par conséquent, ils progressent plus vite que les autres.

Je sens venir d'ici la critique donc je me permets un petit aparté. « Oui, mais en stage, un professeur devrait prendre tout le monde et pas que ses élèves à lui ». Je suis d'accord, car en stage, le processus d'enseignement est différent (si tant est que l'on puisse parler d'enseignement en stage), ce n'est pas vraiment du katageiko. Dans ces cas-là, le but n'est pas de construire sur la durée ou même de faire de la forme, mais de transmettre des idées et des sensations de façon ponctuelle et au plus grand nombre possible. On retrouve donc des maîtres sollicitant plus volontiers des débutants et des inconnus puisque le but est plus de faire passer de la sensation que d'enseigner du fond sur la longueur.

Un équilibre délicat

On ne peut pas sérieusement envisager l'écriture d'un article sur la relation uke/tori sans mentionner les travers éventuels de celle-ci. Il est évident que sans certaines barrières, ou sans une maturité développée, la coopération et les liens humains peuvent mener à beaucoup de problèmes. Dans un cercle fermé maître-élève, on peut vite se retrouver dans un système de renforcement positif. Un uke qui chute docilement aura plus de chance d'être sollicité par un maître. En retour, le maître aura tendance à se sentir conforté dans ses choix techniques par ce comportement docile. Sans garde-fous, on réalise tout de suite le potentiel dévastateur de ce cercle vicieux sur le niveau de complaisance de l'un, et la forme technique parfois abracadabrante de l'autre.

Assistant chaque année à de nombreuses démonstrations de koryu et de gendai budo, je me rends bien compte que cela se produit, en particulier, mais pas seulement, en aïkido. J'ai un respect absolu pour les grands maîtres de l'aïkido, vivants ou décédés, mais il est très clair que certains ont laissé dans leur sillage plusieurs générations d'élèves ayant perdu les repères des limites de cette coopération nécessaire. Kuroiwa Senseï, un élève méconnu d'O Senseï, exprime cela de façon très éloquente lorsqu'il dit :

« Le rôle de uke est de s'ajuster au mouvement de tori, qui de son côté apprend ses mouvements grâce à la coopération de uke. Ne pas comprendre cela mènera à penser que uke a été projeté ou qu'il est tombé parce que la technique de tori était excellente [...] En d'autres termes, uke n'est pas projeté, mais plutôt, il pratique une forme dans laquelle son rôle est d'être projeté. Ainsi, le personnage central dans la pratique est uke. »[6]

Il poursuit en disant :

« La pratique n'est possible que grâce à l'existence d'un accord tacite, et l'incapacité à comprendre cela est une erreur tragique [...] Sinon, cela conduit simplement à des jeux conceptuels et à de l'autosatisfaction. »[6]

Je dirais que même en connaissant les conditions de cet accord, ce danger existe tout de même bel et bien. Personnellement, la seule façon que j'ai trouvée pour ne pas tomber dans ce travers est de ne pas aller voir certains maîtres, car pour moi, le danger de sombrer dans le piège du renforcement positif est trop grand. Même si j'adorerais sincèrement développer les prouesses techniques et visuelles de ces maîtres, le prix à payer est trop fort, la concession à faire sur l'échelle de complaisance est trop grande pour moi.

Évidemment, je ne juge pas du bien fondé de telle ou telle pratique et chacun est libre de ses choix, mais pour ma part, je sais exactement jusqu'où je suis prêt à aller, d'un côté comme de l'autre, entre complaisance aveugle et résistance stérile.

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Uke : Nicola Rossi

Le rapport tori/uke comme méthode de sélection et de transmission

Ce n'est pas parce qu'on entre dans un dojo ou qu'on paie son cours que le professeur nous donnera accès à quelque chose. En fait, je dirais qu'au Japon, la majorité des pratiquants ne reçoit pas tout, et que juste une poignée de disciples se voient donner l'accès à l'enseignement profond. Il en a toujours été ainsi, comme le prouve le nombre rare de détenteurs de menkyo kaïden (免許皆伝, certificat d'enseignement total). C'est aussi vrai en aïkido.

En ce qui concerne mon expérience personnelle, malgré le fait que j'aille voir le maître de Daïto-ryu Chiba Tsugutaka plusieurs fois par an, et que je fasse des documentaires sur lui, il lui a fallu beaucoup de temps avant de venir me faire sentir sa technique. Avant cela, il ne me refusait pas l'entrée du dojo, il était très aimable, mais il ne me touchait pas. Ce n'est qu'au bout de trois ans que Chiba Senseï a commencé à m'enseigner quoi que ce soit. Je vous laisse donc tirer les conclusions qui s'imposent en ce qui concerne ceux qui reviennent du Japon au bout de quelques mois en disant avoir tout appris... Dès ce jour, son enseignement a totalement changé, il est venu me faire sentir sa technique et m'a demandé de participer à des cours qu'il donnait en très petit comité. Au-delà de cette volonté de transmission, et compte tenu de la sévérité de ses techniques, il est évident que si mon ukemi n'avait pas été bon, je serais peut-être toujours sur le banc de touche à l'heure actuelle. Si tel était le cas, j'apprendrais évidemment certaines choses par mimétisme visuel, mais si je m'avisais d'essayer d'enseigner ce que j'avais vu, et malgré les années de pratique, ce que je proposerais serait dépourvu de beaucoup de son sens.

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Guillaume Erard et Olivier Gaurin aux cotés de Chiba Tsugutaka Sensei, une transmission directe mise en place sur la durée

Cette sélection est, je pense, la raison pour laquelle on imagine que le niveau dans les arts martiaux s'appauvrit. En réalité, je pense que le niveau est toujours très élevé, mais il l'est uniquement chez une proportion très restreinte de pratiquants. À cause de la démocratisation des arts martiaux, on assiste à une explosion du nombre d'élèves, et ceux-ci sont nécessairement médiocres, pas parce qu'ils ne savent pas apprendre, mais parce qu'on ne leur apprend pas tout. Pourtant, ces élèves sont tout aussi, voir même plus visibles que les gens compétents. On notera d'ailleurs qu'au Japon, ce n'est pas parce qu'on est bon qu'on nous demande de faire des démonstrations. Souvent, la simple appartenance au dojo suffit pour obtenir ce droit, ce qui explique la perception distordue de la réalité du niveau. Ceci coïncide aussi avec le fait que dans les koryu, comme je l'ai dit plus haut, le uke n'est pas le pratiquant le plus expérimenté, mais bien le junior. Contrairement à ce que l'on voit en occident, le but de la démonstration au Japon n'est pas de montrer de l'excellence, mais de montrer de la pratique, à quelque niveau qu'elle soit. Je suspecte aussi qu'historiquement, montrer du médiocre, ou même du faux permet de ne pas divulguer ses secrets... Il est d'ailleurs assez commun pour des professeurs japonais de montrer des « erreurs » ou des variations de la technique originale en stage ou en démonstration. Cela s'appelle damasu (騙す ; tromper), et le but est de ne pas tout livrer et surtout de pouvoir confondre facilement les usurpateurs se présentant comme des détenteurs de la technique de l'école. En fonction de la façon dont vous effectuerez une technique, les initiés sauront clairement où vous l'avez apprise ; auprès d'un professeur, en stage, ou bien sur DVD... Encore plus étonnant, il faut aussi savoir qu'une même technique n'aura pas forcément le même nom, même si elle se retrouve plusieurs fois dans la nomenclature. Le but avoué est de brouiller les pistes et rendre difficile la compréhension pour des gens extérieurs au Ryu. Un exemple frappant : la technique que l'on connait en aïkido en tant que shihonage se retrouve dans le répertoire ikkajo de Daïto-ryu tantôt sous le nom de shihonage, tantôt sous celui de iriminage ! On comprend donc tout l'intérêt d'avoir un Sempai ou un Senseï auprès de soi pour nous décoder tout cela.

Apprendre sur DVD ?

Parlant de DVD, j'ai eu l'occasion de discuter avec plusieurs professeurs d'aïkido qui m'ont dit s'intéresser au Daïto-ryu. Étant donné le nombre extrêmement limité de personnes qualifiées hors du Japon, ils le font souvent via le support DVD ou sur YouTube. Certains de ces professeurs pensent que pour faire du Daïto-ryu, il suffit d'appuyer un peu les techniques d'aïkido en s'inspirant de ces vidéos. Ceci est évidemment une approche vouée à l'échec car son postulat de départ est erroné. Ceci dit, il est très intéressant pour moi de recueillir leurs interprétations, car bien qu'ils intègrent parfois certaines formes de Daïto-ryu dans leurs systèmes, et même si au sein de ce système, ce qu'ils font est parfois cohérent, je vois par contre que les points clés du Daïto-ryu (le peu que j'en connais) sont absents. Outre le fait que la plupart des documents publiés ne présentent pas les formes véritables (damasu...), cela montre surtout que sans le bénéfice d'une relation maître-élève, uke-tori, même des gens très compétents en aïkido ne peuvent pas retrouver seuls les points importants. Ceci est d'ailleurs la raison pour laquelle Chiba Tsugutaka Senseï s'est laissé convaincre de me laisser tourner un documentaire sur lui[7] puisqu'il savait que même si on filmait sa technique, il y avait peu de chances qu'on la lui « vole » sans contact direct.

Tori/aite, donner/recevoir : une transmission de cœur à cœur

C'est donc au prix d'un investissement personnel, via l'établissement d'une relation uke/tori sur la durée, « de cœur à cœur » comme le disait Maître Nocquet, que la transmission peut se faire. Malheureusement, il est fort peu probable que ce type de relation ne s'établisse en stage, ni même lors de courts séjours au Japon, et tant qu'on n'a pas vécu cette relation, on ne peut pas savoir ce qu'elle représente. Au sujet de Maître Nocquet, je crois que c'est la raison pour laquelle certains ont essayé d'amoindrir ce qu'il avait vécu au Japon, car ils ne pouvaient pas imaginer une seule seconde ce que pouvait représenter vivre sous le même toit que la famille Ueshiba. Qui plus est, Nocquet avait le tort de ne pas être japonais et nul n'est prophète en son pays.

De par l'élitisme dans l'enseignement à la japonaise, la vision que la plupart des pratiquants porte sur leur propre art martial n'est en réalité pas beaucoup mieux informée que celle de quelqu'un du soto (外 ; extérieur).[5] Les médias aidant, la perception des gens se limite aussi dans son référentiel à une poignée de maîtres surmédiatisés ou de compétiteurs reconnus alors qu'ils ignorent tout des trésors vivants qui transmettent leur savoir de façon confidentielle. Ce n'est pas en restant chez soi, ou en lisant les forums ou les colonnes des magazines d'arts martiaux que l'on peut apprendre que ces gens existent, et encore moins apprendre d'eux. Il faut faire l'effort de partir vivre auprès des maîtres.

Onishi Senseï est l'un des maîtres de Daïto ryu les plus incroyables que j'aie rencontrés. Il a plus de 80 ans et cultive du riz au milieu de nulle part à Shikoku. Vous ne pouvez pas vous rendre compte de l'existence de ce genre de maîtres si vous n'allez pas les découvrir vous-même, de très près, de si près que vous pouvez par exemple vous retrouver à accompagner ce maître à l'hospice où réside sa femme atteinte de la maladie d'Alzheimer alors que vous vous croyiez en route pour le dojo. Là-bas, la vieille dame vous gratifie du regard le plus pur et en même temps le plus triste que vous n'ayez jamais vu, cette tristesse incroyable laissant la place juste un instant à de l'émerveillement lorsqu'elle s'aperçoit que les deux géants qui investissent le bâtiment sont en compagnie de son mari et qu'ils sont venus pour la voir elle. Au bout de 15 minutes, vous êtes de nouveau sur la route, pour le dojo cette fois. La vieille dame a déjà probablement tout oublié, mais vous, vous garderez à jamais son regard au fond de votre cœur. La vieille dame est décédée quelques mois plus tard. Je ne sais pas ce qu'Onishi Senseï avait en tête ce jour-là, et nous n'en avons jamais parlé. L'a-t-il fait pour elle ? Pour nous ? Les deux ? Je ne le saurai peut-être jamais. Un rapport de cœur à cœur...

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Onishi Sensei me démontrant sa technique

La plupart des grands professeurs ne figure pas dans les livres ou les magazines et l'apprentissage profond ne se fait pas dans les stages de masse ou les masterclass. Si on veut recevoir (受ける ; ukeru) quoi que ce soit, il faut donner (上げる ; ageru) plus que quelques Euros ou quelques heures sur le tapis, il faut donner de soi-même, des chutes bien sûr, mais aussi du cœur. C'est cela la relation entre tori/uke.


Références

  1. Erard, Guillaume. Biographie de Kisshomaru Ueshiba. GuillaumeErard.fr
  2. Draeger, Donn, F. Classical Bujitsu (Martial Arts and Ways of Japan). Weatherhill.
  3. Hall, David, A. An Encyclopedia of Japanese Martial Arts. Kodansha USA.
  4. Erard, Guillaume. Entretien avec Ellis Amdur Partie 2 : L'essence des koryu et de leur transmission. GuillaumeErard.fr
  5. Erard, Guillaume. Quelle est la pertinence du Hombu Dojo dans la pratique actuelle de l'Aïkido et pourquoi y aller ? GuillaumeErard.fr
  6. Kuroiwa, Yoshio. A Common Sense Look at Aikido. AikidoJournal.com
  7. Erard, Guillaume et Gaurin, Olivier. Documentaire sur Chiba Tsugutaka et le Hombu du Daïto-ryu de Shikoku. GuillaumeErard.fr
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À-Propos

Site officiel de Guillaume Erard, auteur, instructeur et vidéaste résident permanent au Japon - 5e Dan Aïkido du Hombu Dojo de l'Aïkikai de Tokyo / 5e Dan Kyoshi (professeur) de Daïto-ryu Aïki-jujutsu du Shikoku Hombu Dojo.